Pourquoi préférer le cuir cousu main
Je destinais cet article initialement au montage cousu main du cuir, et finalement j’ai pensé qu’il était logique d’y présenter les principales méthodes d’assemblage du cuir. J’y ai ignoré le collage que le sellier utilise abondamment, car il s’agit surtout d’une aide au montage et son intérêt est donc limité dans le temps et accessoire.
Il existe plusieurs techniques pour assembler des pièces de cuir. En principal on trouvera le rivetage, le tressage, la couture machine et la couture main. Dans nos régions, le sellier a toujours privilégié la couture et la tradition a toujours été basée sur la couture main, seyant le mieux avec la noblesse du cuir, mais pas seulement. Voyons donc ces techniques d’assemblage.
Des exemples à ne pas suivre
Les aberrations de montage
Certains fabricants ne reculent devant rien pour proposer du [faux] traditionnel. En couture, rivetage ou laçage il y a des règles, tirées de la logique et de l’expérience. Malheureusement les raccourcis de fabrication amènent souvent à des réalisations qui n’auront aucune fiabilité ni solidité, voire peu de confort. Voici, sur un produit quelques exemples de bêtises techniques …qu’il ne faut pas faire :
1. Des nœuds apparents cassant l’esthétique du sanglon, évidement en couture machine on ne gère pas tout…
2. Une couture machine en travers du sanglon pour le fixer sur le rabat, la couture finira par le découper suivant le pointillé selon le principe du papier toilette… La couture d’une pièce d’effort doit toujours être réalisée dans le sens du travail,
3. Un trou qui sera inutilisable puisqu’à cet endroit le sanglon est plus large que la boucle.
4. Une fixation par rivet seul : trop lâche, la courroie, visiblement cousue au kilomètre, se placera n’importe où car le rivet est placé trop loin du dé métallique. Aussi la couture machine cèdera avec le frottement dans le dé.
5. Une courroie dont la tranche est teintée (machine aussi) pour donner l’aspect du traditionnel mais non lissée et surtout la tranche n’est pas arrondie : bonjour l’angle vif sur l’épaule…
Exemple de montage correct par couture main traditionnelle du cuir
La couture est réalisée uniquement dans le sens du travail de la ceinture. La partie du cuir prise dans la chappe de la boucle n’est pas cousue afin de ne pas risquer la coupure du fil à force de frottement contre le métal. Les points de couture maintiennent le cuir de façon à éviter tout jeu latéral. Les cuirs ont des bords arrondis, teintés, cirés et lissés. Le passant est pris dans la couture, chose impossible avec une machine à coudre pour ce genre de montage. Le fil est doublé sur au moins quatre points arrière et noué dans l’épaisseur du cuir : ce montage est stable et garanti quel que soit l’effort des pièces.
Un laçage / tressage pour le moins …grossier
Un assemblage par laçage et tressage manquant totalement de finesse et si mal intégré que la durée de vie conséquente est limitée.
Le lacet est totalement disproportionné aux pièces de cuir qu’il est supposé assembler, aucun affinement du lacet. Trop lourd, trop saillant, le tressage provoquera la déchirure des trous, et la déformation du sac. De plus il s’accrochera aisément et sera rapidement râpé. Quant à l’esthétique… le sac sera rapidement difforme. Cela respire fort l’amateurisme tant dans la conception que la réalisation
Le rivetage
Le rivetage est rarement utilisé en sellerie de qualité. Il vient parfois renforcer une couture soumise à un travail particulier (licol d’attache des chevaux, angle de soufflet de sacoche), sécuriser une pièce dont la rupture aurait de fâcheuses conséquences, et parfois, lors du montage de matériaux qu’il n’est pas possible de coudre en même temps que du cuir comme le métal.
En sellerie moto, on utilise notamment le rivet laiton qui ne s’oxyde pas et aussi le rivet aveugle à rupture de tige (rivet pop) pour le montage des housses de selle lorsque la base (métal, polyester…) ne permet pas l’agrafage. Mais la plupart du temps son utilisation relève d’un travail de moindre qualité et privilégiant l’économie de main d’œuvre et l’automatisme (trousses à outils). Aussi, il est important de comprendre que là où une couture garde toute la souplesse du cuir, car elle suit parfaitement ses mouvements lors de l’utilisation des pièces ainsi assemblées, le rivet, et surtout lorsqu’il est utilisé à mauvais escient, finira par déchirer le cuir à l’usage. En outre, nombre de montages bon marché sont réalisés avec des rivets en acier nickelé et dont l’acier finit par rouiller. Et puis, sur le plan esthétique rien ne vaut une belle couture !
Le laçage et le tressage
La technique du laçage est beaucoup utilisée sur le continent américain qui a quelques traditions spécifiques, encore que, auparavant, les larges courroies plates en cuir de nos machines étaient lacées avec du “boyau de chat” qui était plutôt du boyau de mouton d’ailleurs et qui produisait un bel effet décoratif de pointillés formés de losanges blancs. Le même boyau de chat, nommé “catgut” était d’ailleurs utilisé en chirurgie pour les coutures. On voit malheureusement de très mauvais laçages plus souvent que de bons dans notre pays. La majorité sont réalisés sans aucun soucis d’intégration avec l’objet, des trous ronds énormes pour passer le lacet, obligeant à un espacement inesthétique. Un beau laçage prend plus de temps qu’une couture main pour qui pratique les deux selon la tradition.
Le laçage nécessite l’emploi de cuirs adaptés, le lacet doit être soigneusement préparé afin d’assurer stabilité dans le temps et d’offrir un beau rendu, pour cela il doit être étiré afin de ne pas se distendre et et calibré pour la régularité du travail. En outre, il doit s’intégrer proprement et avec élégance à la pièce qu’il est censé assembler ou décorer ce qui est rarement le cas des articles bons marché. Pour autant, un assemblage de pièces bord à bord à l’aide de tressage est sujet à usure rapide sitôt qu’il sera sollicité à l’effort ou sujet aux frictions. On réserve donc de préférence ces tressages aux effets décoratifs, ce qui est hélas rarement le cas dans la production d’aujourd’hui. De fait, on a toujours constaté que l’assemblage par laçage simple procède d’un manque de connaissance des techniques de couture.
Le tressage, lui, fait appel à des procédés savants offrant un résultat décoratif et est aussi employé pour des assemblages. En Amérique on utilise beaucoup le rawhide (cuir cru) et les résultats sont souvent de véritables œuvres d’art.
Comme on peut le voir dans les exemples ci-dessus un bon laçage ou tressage en cuir ne laisse pratiquement pas voir la tranche du cuir, cela nécessite une préparation particulière du lacet que peu connaissent. Ici, c’est la même pièce de cuir qui est cousue autour de la corne et qui est prolongée en tressage à quatre brins jusqu’à la base.
La couture machine
La couture machine a pour principal avantage d’offrir une exécution rapide. Imaginer simplement qu’aujourd’hui une machine moderne peut effectuer jusqu’à 4 500 point minutes ! Bien que cela n’a, bien sûr, pas grande utilité dans le type de sellerie que je pratique. Un autre avantage réside sur le plan pratique car le progrès a permis d’automatiser certains montages, surtout dans l’assemblage de matériaux minces. On fait aujourd’hui des machines à coudre, véritables robots, capables de réaliser en un seul passage plusieurs opération simultanées à la couture. On peut aussi mettre en avant la capacité de certaines machines à assembler de fortes épaisseurs de cuir, travail pénible à la main.
Le point machine le plus courant en sellerie est le point de navette, le même que la machine à coudre familiale. La couture est réalisée à l’aide de deux fils : un pour le dessus (fil de bobine) et l’autre dessous (fil de canette). L’aiguille perfore le cuir et descend le fil simultanément ; lorsqu’elle remonte, le fil forme une boucle qui est alors accrochée par le porte canette. Ce dernier fait passer intégralement la canette à l’intérieur de la boucle, liant ainsi le fil de la bobine avec le fil de canette. Un réglage approprié de la tension des deux fils remonte la boucle plus ou moins au milieu de l’épaisseur du cuir tout en serrant les deux fils.
L’inconvénient majeur de cette technique est que si l’un des deux fils est coupé par l’usure ou accidentellement, l’ensemble est alors détendu et va se découdre rapidement par le simple jeu des pièces que la couture est censée maintenir. Il suffit même de tirer sur un des fil pour découdre tout une longueur… Aussi, selon les travaux et la nature des pièces assemblées, la machine laissera plus ou moins de traces sur le cuir. Enfin, contrairement au travail fait main la tension exercée sur le cuir est identique d’un bout à l’autre de la couture, or le cuir n’est en rien uniforme dans sa densité et sa dureté et seul un travail manuel peut sentir cette différence et serrer les fils en conséquence.
La couture main
La couture main procède d’une technique différente. Le sellier coupe une longueur de fil correspondant à la couture qu’il va réaliser en jaugeant longueur de la couture, épaisseur de l’assemblage et technique employée. Il enfile une aiguille à bout rond à chaque extrémité du fil et le prépare à la cire d’abeille. Le rôle de la cire est de donner de la rigidité au fil afin de faciliter le travail, de maintenir les brins du fil entre eux et ensuite de protéger le fil.
Le sellier perce le cuir (le terme exact est défonce) à l’aide d’une alène de section losange pointue et affutée sur les bords les plus aigus de façon à ouvrir le cuir à la largeur voulue.
L’opération de défonçage du cuir avec une alène sellier de section losange, l’espacement et l’orientation des points ont été marqués avec la griffe.
Le sellier passe ensuite une des deux aiguilles dans le trou et égalise la longueur du fil de part et d’autre. Puis, à chaque point, il fera passer alternativement chaque aiguille dessous et dessus en utilisant une technique particulière pour que les fils ne s’emmêlent pas ni ne bourrent. Il peut être amené à effectuer un nœud simple ou double dans l’épaisseur du cuir, et devra serrer chaque point en ajustant la tension selon divers critères tels que la qualité du cuir (la densité et la dureté du cuir est irrégulière d’un bout à l’autre d’une couture) de façon à ce que la couture apparaisse régulière et ne détériore pas le cuir.
De cette façon, en cas de rupture du fil en n’importe quel emplacement, la couture reste en place encore longtemps car le fil interrompu reste coincé par l’autre et ne se défait que très peu, voire pas du tout s’il y a eu nouage dans l’épaisseur. Le sellier arrête une couture en faisant 3 ou 4 points en arrière noués dans l’épaisseur par un simple ou double nœud. Il utilise alors une alène ronde pour ré-ouvrir le trou afin de ne pas abîmer les fils déjà passés et ne pas élargir l’incision faite par la première alène losange. D’autres considérations, trop techniques pour être exposées ici, plaident largement en faveur de la couture main. Son inconvénient se situe principalement dans le temps nécessaire, mais la finesse et la solidité du résultat n’ont pas d’équivalent à la machine.
C’est l’ensemble de ces données et le bon emplacement du fil qui donnent l’aspect bien particulier du point sellier, la machine à coudre ne peut pas réaliser ce type de travail, même si elle en imite l’aspect, le point sellier est obligatoirement réalisé à la main : “méfiez-vous des imitations !”
Réponse rapide, après commande j’ai reçu mes poignées en 2 semaines
Superbe réalisation pour les poignées de ma R80RT et pour un prix vraiment très correct
Je recommande absolument!!!!!!
Je reviendrai vers vous pour une commande plus spécifique si c’est possible
Merci Marc, à noter que le délai de 2 semaines a été lié à un colis fournisseur qui a mis du temps avant de me parvenir. Usuellement le délai maximum est d’une semaine. Voici une de vos photos des poignées cuir imperméable montées sur votre BMW R50RT pour illustration.
Bonjour,
Merci pour votre réponse rapide, dés que je rentre de déplacement je vous envoi une photo de la selle en question.
J’habite le Puy en Velay donc “pas très loin” de votre atelier, je descends parfois en moto du coté de Alès.
Je viens de voir un peu mieux votre site je vois qu’il existe encore des artistes bravo.
Cdlt
Il suffit de m’appeler au 06 79 43 69 09 pour prendre rendez-vous.
Cordialement.
André
Merci pour ces explications complètes, on sent la passion qui vous anime dans le travail du cuir. C’est plaisant de savoir qu’en France on a encore des gens comme vous, passionnés et qui ont encore encore un savoir-faire de qualité.
Merci Damien,
Cet article est loin d’être complet, à travers mes expériences dans diverses branches du cuir, la sellerie moto étant la dernière arrivée après l’équitation et l’orthopédie, on s’aperçoit vite que l’on a toujours à apprendre et possibilité d’améliorer. Pour moi c’est un moteur… et ce que je préfère dans les selles moto en cuir c’est que chaque client a sa demande personnalisée, ce qui fait que je ne propose que du sur mesures.
Bonjour je trouve vos réalisation digne d un professionnalisme exemplaire.chapeau bas! Je viens de commande un quad Polaris sportman1000. Je souhaiterais que vous puissiez oeuvrez sur celui ci que j aurais dans une quinzaine de jours.cela concerne la selle,une sacoche ronde de fourche(a voir ou la placer)pour ranger mes affaires ainsi qu’un tube type logement fusil, soit 3 éléments.la couleur maron et le tressage tel que vos exemples ont particulièrement retenu mon attention.dans la mesure du possible j aime le cuir traiter alligator.si possible je souhaiterais des idees et une relative estimation sachant que le devis final ne pourras se faire que quand vous aurez les pièces en mains. Je préfère être contacté par téléphone au XXXX merci. Cordialement eric augeron
Bonjour,
Je vous propose un devis chiffré avant tout engagement, après avoir étudié avec vous toutes les particularités et contraintes de la réalisation.
Plus d’infos par mail et téléphone.
Merci de votre intérêt.
A ce jour, 10/05/2020, nous avons conclu affaire et sommes en phase d’étude et test des coloris des cuirs véritables de crocodile et d’autruche mis en œuvre.